La route de la conquête by Davoust Lionel

La route de la conquête by Davoust Lionel

Auteur:Davoust, Lionel [Davoust, Lionel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Éditeur: Critic
Publié: 2014-01-01T05:00:00+00:00


Je donne un coup, deux coups de clé, debout sur une caisse de la remise. Le troisième ne sera jamais complet. Mon regard vient se perdre sur la plaque dorsale de l’armure. Je passe les doigts sur la peinture écaillée, cette trace si ténue qu’on doute de vraiment la voir. Je pose les mains côte à côte.

Quatre paumes de large.

Je lâche la clé et je descends de mon perchoir. J’ouvre la porte de la remise et je sors sous le soleil blafard. Le docteur Anstravar a raison : le travail aide à réfléchir, mais probablement pas dans le sens qu’il souhaiterait. Du moins, qu’il souhaiterait vraiment.

Je m’essuie les mains sur ma combinaison. Bien, Laenus. Tu les as assez écoutés. Tu t’es suffisamment efforcé de faire de ton mieux. Maintenant, tu prends de la hauteur, tu regardes la carte d’état-major et tu te sors de cette situation absurde.

Récapitulons.

Mes souvenirs de la bataille des Brisants sont irréprochables. La charge initiale, la mort de Chalz… celle du général Erdani, la montée vers Clerdanne, le monastère des guerriers-mémoire. C’est là que tout s’arrête, juste au moment où j’étais censé voir… Quoi ?

Ah ! Je me presse les doigts sur le front, les passe dans mes cheveux. Concentre-toi. Réfléchis.

L’image suivante, c’est le réveil au mentarium, le docteur Anstravar et, très vite, la première epsygraphie en présence de l’assesseur de l’armée.

J’étais un soldat en pleine possession de ses moyens. Je peux admettre que, pour reprendre les mots du bon docteur, je n’étais plus « responsable de moi-même » au monastère, mais le Hiéral se trouve dans l’hémisphère nord. Pourquoi n’ai-je aucun souvenir de mon rapatriement ? Un épisode de folie – si c’est bien ce dont il s’agit – ne peut tout de même pas durer aussi longtemps, si ?

Autour de moi, le parc étend son herbe pâle et ses arbres tordus. Quelques patients en blouse marchent à petits pas maladifs, voûtés. Les gardes des miradors m’adressent un bref regard avant de reprendre leur surveillance. Les tours des réacteurs draniques de la ville ronronnent paisiblement.

Tout est ordonné. À sa place.

Une mécanique parfaitement huilée.

Mû par une brusque impulsion, je pivote et rentre dans la remise.

La trace dans le dos de l’armure. Elle est ténue mais, maintenant que je m’en suis rendu compte, je ne vois plus que ça. Une coulée où la peinture semble plus abîmée, délimitant de haut en bas une marque d’usure.

Large comme un tranchoir de guerre.

Elle réveille cette gêne indéfinissable que j’ai au ventre depuis mon retour au pays.

L’arme réglementaire se range dans un fourreau dorsal fixé à l’armure. J’inspecte soigneusement les points où l’on rivette habituellement les attaches, en vain, mais qu’est-ce qui me prouve qu’ils ne les ont pas rebouchés ?

Mon vertige s’accentue. Je m’assieds précautionneusement sur la caisse pour ne pas tomber. Je ferme les yeux avec force.

Tout est très logique, éminemment raisonnable. Je n’ai pas le droit de sortir, c’est bien naturel. Mes seuls contacts sont les autres patients – lesquels manquent terriblement de conversation –, le docteur Anstravar, les rares visites de Sovi.



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